Friday, June 22, 2012

LEÏLA BEN ALI. NI REGRETS NI REMORDS


Celle que les Tunisiens haïssaient parle pour la première fois depuis son exil et sort en France « Ma vérité ». Une réécriture de l’histoire

LA RENCONTRE

« Je me souviens très bien de ma première rencontre avec mon futur mari. C’était sur la route de La Soukra, à Tunic mon futur mari. C’était sur la route de La Soukra, à Tunis, un jour du mois de février 1984. J’étais au volant de ma voiture et je rentrais chez moi. Soudain, un véhicule de police m’a dépassée et s’est mis en travers de la chaussée, m’obligeant à m’arrêter. Un monsieur en est sorti, grand, les cheveux de jais. Il m’a demandé calmement mes papiers, puis il a lancé : “Savez-vous pourquoi je vous arrête ?” J’ai répondu : “Oui, je roulais un peu vite.” Nous nous sommes regardés un instant et ce bref regard devait sceller notre destin. Car j’ai senti tout de suite quelque chose qui dépassait la simple circonstance, l’expression du mektoub, “le destin”. L’homme a laissé tomber, avec un sourire malicieux : “Je suis obligé de garder votre permis. Vous viendrez le chercher quand vous le pourrez.” Je suis allée récupérer mon permis, bien sûr. Nous avons échangé nos coordonnées, tout naturellement. »

LEÏLA ET SON DOUBLE

« La confusion a été constamment et savamment entretenue entre deux Leïla Trabelsi, que les journalistes à sensation ont présentées comme une seule et même personne, en l’occurrence : moi. La rumeur selon laquelle j’aurais exercé le métier de coiffeuse est née de cette méprise. L’histoire est la suivante : il y avait une femme qui s’appelait Rawdha al-Majri et qui se faisait appeler Leïla Trabelsi. Elle avait vécu à Tripoli… […] De cette affaire est née une autre rumeur selon laquelle j’aurais eu un amant libyen. On me prêtait en fait une liaison avec Kadhaf al-Dam, l’ex-époux de la fausse Leïla, que je ne connaissais ni d’Eve ni d’Adam.»

LEÏLA ET LES ENTREMETTEURS

« Mohamed Chokri, Kamel El-Taief et Mohamed Ali Ganzoui, alors homme fort du ministère de l’Intérieur [aimaient] jouer les marieuses. Ils ont pris l’habitude de montrer à Ben Ali des cassettes où se dandinaient de jolies filles lors de fêtes privées, lui soufflant qu’il pouvait choisir à volonté, il suffisait qu’il lève le petit doigt, en tant que président… L’avocat A. était de la partie. Cet homme s’est mis à démarcher de jolies femmes pour mon époux, sous la pression d’El-Taief. Un jour, je l’ai surpris en pleine négociation d’un genre particulier avec Ben Ali. Nous habitions encore à Dar Assalam et j’étais sortie dans le jardin, le personnel m’ayant informée que le président recevait une connaissance sous une tente dressée à l’extérieur. Je m’y dirigeais lorsque des bribes de conversation me sont parvenues. Je me suis arrêtée derrière une petite haie qui me dissimulait de leurs regards et j’ai écouté. […] “Alors, monsieur ! On joue au conseiller conjugal ! Et on me prend pour une gourde ? Voilà que vous vous mettez en quatre pour trouver des filles à mon mari !” L’avocat a rougi, bégayé, tenté de se justifier. Je lui ai alors lancé : “Je ne veux plus vous voir remettre les pieds ici ! Dehors !” Je savais être ferme et irrévérencieuse quand il le fallait. Et dire que c’est le même avocat qui a répondu, lorsqu’on lui a proposé récemment de devenir l’avocat de mon époux : “Je ne défends pas les dictateurs” ! Juste bon pour le rôle d’entremetteur. »Point final

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